dimanche 4 décembre 2011

Mon néant




Il ne reste plus que le silence radieux de l'absurde absolu. Un espèce de bourdonnement métaphysique s'impose peu à peu, envahit le néant. Je me sens comme porté par une armée d'insectes noirs, invisibles, lourds, des véritables phagocytes. Je qu'ils me lâchent ; je veux sauter, happé par le néant, par son infinité. L'Instinct me retient ; pourquoi ne puis-je pas lui désobéir, lui que j'ai tant malmené pendant toute mon existence? Je veux nager dans ce désert de sable incolore, me perdre dans lui ; on me dit que mon tour viendra. Je ne veux pas attendre. J'ai attendu de vivre, que ma vie prenne forme, mais ils m'ont menti. Le néant, lui, ne me ment pas. Il est, je l'ai senti. Il m'accompagne. Un compagnon certes insaisissable, mais enivrant et fidèle. Il possède une douceur âpre qui lui est propre. Je trouve en lui un confort précaire, une misère soulageante.

 Le néant est comme un pont sous lequel je m'abriterais , âme errante, une nuit d'hiver. C'est d'ailleurs de cette nuit d'hiver que me rappelle le néant : noire mais éblouissante, froide mais chaleureuse. Un univers d'une antinomie incontestable. Ils ne peuvent pas comprendre car il n'y a pas de conscience ni de perception universelle, je suis seul avec mon néant. Car, oui, voilà peut être la raison de leur ignorance : ce néant n'existe que pour moi, après tout. Enfin je sais pas, je n'ai aucun moyen de le savoir. Ma seule certitude est donc que ce néant existe pour moi, et donc qu'il m'appartiens. J'aime cette idée de posséder ce qui m'échappe.

Pas le temps de me perdre dans ces songes et ces comparaisons. Ils reviennent, Ils, les insectes, tous. Le bourdonnement devient des pas, ankylosés, rapides, menaçants ; je ne saurais les décrire. Le noir ne me cache pas, il m'envahit, il m'entoure : il me livre à eux! Je voudrais courir, je voudrais m'envoler, le néant m'aurais-t-il trahi? M'aurait il livré à eux? Ils cherchent à me renvoyer ; je ne suis pas a ma place ici selon eux. Je suis pourtant un réfugié. Ils me pensent trop plein, trop materiel pour être là. Pourtant, je ne suis là que mon âme, et une projection que je me suis faite de moi même dans mon néant. Je suis finalement enfermé dans moi même ; de quel droit peut-on me priver d'être dans ce que j'ai créé?  
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